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Laure Debreuil

La justice : un domaine complexe ; elle a un endroit et parfois un envers…façon de dire que l’on peut parfois parler de justice autrement et raconter ce que l’on ne peut pas voir à la télévision. Les caméras sont rarement les bienvenues dans les prétoires. C’est parfois frustrant. Voila pourquoi, par ces chroniques, je souhaite restituer l’atmosphère, les informations ou les à-côtés des procès que je suis pour la rédaction de TF1.

 

 

Damien Givelet
 
Cédric Ingrand
Pascal Boulanger
 

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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 18:09

Le procureur de Paris a dévoilé hier les derniers chiffres concernant les départs de français vers le foyer djihadiste en Syrie. Ils sont 1280 soit sur le départ, soit sur zone, soit sur le retour ; 25% des radicalisés sont des convertis. 125 personnes ont déjà mise en examen dans le cadre de 109 dossiers d’enquête et d’informations judiciaires. Il faut ajouter les individus déjà condamnés et qui, ayant déjà purgé leur peine, doivent continuer à être surveillés.

Une lutte implacable qui doit aussi passer l’éducation et la prévention de la radicalisation. Mais aussi une meilleure répression du financement du terrorisme et une grande sévérité à l’égard de l’apologie du terrorisme a dit hier soir François Molins.

Enfin, il a souligné l’existence, lors de l’audience solennelle de rentrée du TGI de Paris, le phénomène du troisième jihad.  « Cela consiste en des attaques décentralisées menées par des individus ou de petites cellules dispersées en occident en s’appuyant notamment sur internet et les réseaux sociaux pour faciliter le recrutement ou le passage à l’acte d’individus radicalisés en les rendant autonomes »

 

 

 

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 14:57

 Le Conseil d'Etat a confirmé la sanction de radiation prise par l'Ordre des médecins contre le docteur Nicolas Bonnemaison. Pourtant lors d’un procès très approfondi il avait été acquitté en juin dernier de l'accusation "d'empoisonnement" de sept patients. Cette décision  lui interdit désormais d'exercer la médecine.

Pour avoir vu son attachement passionné à la médecine, lui , le fils de médecin, époux de médecin doit vivre cette sentence comme une petite mise à mort. Prononcer une telle décision alors que la justice n’a pas statué en appel parait extrêmement sévère.

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 15:34

L'Etat français a-t-il eu une quelconque responsabilité dans la catastrophe d'AZF, qui a fait 31 morts et des milliers de blessés et de sinistrés, le 21 septembre 2001, à Toulouse ?
En janvier 2013, la cour d'appel administrative de Bordeaux avait condamné l'Etat pour insuffisance de contrôles de la conformité et de la sécurité des installations de l'usine et plus spécialement du hangar 221, qui a explosé ce jour-là et avait attibué 2500 euros à un couple riverain du site. 
L'Etat avait fait appel.
Aujourd'hui, le Conseil d'Etat vient de répondre par la négative.Pour la plus haute juridiction administrative," l'administration n'a pas commis une carence fautive dans l'exercice des pouvoirs de controle qu'elle tenait de la législation "

On peut regretter cette interprétation de la loi: une condamnation pouvait entrainer un renforcement des contrôles des sites dangereux, classés Seveso ; les associations de victimes de l'explosion souhaitait plus de contraintes sur la sécurité.

Une occasion perdue.

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 16:59

Une grosse machine à bout de souffle, voilà l’analyse de deux journalistes, fins connaisseurs de la justice, Marcel Gay et Frédéric Crotta.  Chaque chapitre est dédié à une affaire ou à un rouage de l’institution.

Cinq millions de procédures engagées, un budget de 7,82 milliards d’euros en 2012, 8300 magistrats. Les auteurs plantent le décor.  Mais derrière les textes il y a la procédure, les hommes, les pressions politiques, les coups fourrés. L’interdiction du spectacle de Dieudonné, l’affaire Bygmalion ou le cinquième  procès pour identifier le ou les meurtriers des enfants à Montigny les Metz sont décortiqués par les auteurs.  Par ailleurs la mécanique judiciaire, greffiers, juges, experts, avocats, croqués à coups de portraits pris sur le vif apportent la touche humaine à l’imperfection de notre système judiciaire. Enfin il y a dans ce livre une volonté de dénoncer les connivences entre les acteurs, policiers, juges, journalistes, et certains justiciables, hommes politiques ou grands patrons.

Une plongée instructive dans le chaudron des palais de justice.

  « Les dessous des affaires judiciaires » (Editions Max Milo) 19 euros

 

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 18:36

Trois ans qu’Anne Dulioust mène une bataille acharnée. Ce médecin, spécialiste du virus du SIDA mutée en 2011 à l’hôpital de la prison de Fresnes, lutte pour faire appliquer la loi Kouchner. Celle qui prévoit l’aménagement des peines pour les prisonniers malades ou en fin de vie.
Pour faire connaître son combat, elle publie un livre choc, Médecin en prison. Elle y confie, avec beaucoup de simplicité et de franchise, ses difficultés, ses heurts répétitifs avec sa hiérarchie. L’indifférence des surveillants, et l’immobilisme de l’administration pénitentiaire et des juges sur le sort des prisonniers malades. Son témoignage ouvre les yeux sur un monde que l’on connait peu.

Les exemples tirés de sa pratique quotidienne illustrent la difficulté d’être condamné à une peine de prison et malade. On croise  Maurice, soixante-dix-huit ans. Il souffre de nombreuses pathologies. Son état de santé se dégrade au fil des semaines. Il finit par obtenir une remise de peine. Au bout de six mois, il va mieux. Un expert médical vient le contrôler et conclu qu’il peut retourner purger sa peine en cellule. Ce transfert va aggraver sa situation et son pronostic vital est vite engagé. Ses médecins essaient de négocier sa libération conditionnelle, mais son dossier stagne. Dans l’attente, il fait un infarctus. Aujourd’hui, diminué, Maurice est toujours en prison. Il attend.
Ou encore Jeannine, mère de deux enfants, atteinte de troubles psychiatriques et mnésiques à cause d’une alcoolisation massive. Ses passages en hôpital psychiatrique pour sevrage n’ont rien donné. Elle a du mal à s’exprimer et peine à répondre à des questions simples. Son crime ? Récidive de conduite en état d’ivresse. Quand Anne Dulioust l’accueille dans son service, elle réussit à la faire transférer dans un centre spécialisé. Pour lui permettre de privilégier ses liens familiaux. Mais très vite, elle est renvoyée en prison. Trop difficile à gérer.

Ceux qui rentrent dans le service d’Anne Dulioust restent des hommes et des femmes avant d’être des prisonniers. Elle milite donc pour qu’ils aient, comme tout le monde, droit à des soins de qualité et  une fin digne, entouré de leur famille quand ils approchent de la mort. « Nous ne pouvons plus tolérer que des malades meurent en prison » dit cette femme médecin qui termine en soulignant qu’il y aujourd’hui en France des prisonniers qui ont plus de 87 ans !
 Une prise de conscience qui met la société face à ses responsabilités. La loi Kouchner ne doit pas servir qu’à Maurice Papon qui n'a effectué que trois de prison en raison de ses problèmes de santé.

Article rédigé en collaboration avec Apolline Laurent,journaliste stagiaire

Anne Dulioust, Médecin en prison, editions First document

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 18:26

 

Les bretons sont têtus. C’est une immense qualité. Et quand on est écrivain certainement un appui solide pour raconter une histoire. La trame est là, aucun fil ne casse, le tissu littéraire est comme un vieux tweed gallois, inusable.

 L’histoire du Bugaled Breizh commence le 15 janvier 2004, (20 ans déjà !) et le livre de Yann Queffelec n’est pas une épitaphe. Le combat pour la vérité continue. Ce livre dit qu’un naufrage qui entraine par le fond en quelques secondes cinq marins expérimentés n’est pas à mettre au compte de la « Fortune de mer » selon la formule de la justice en 2009. Le bateau était solide, la mer agitée mais sans plus, le capitaine formé à cette pèche depuis des années.

Alors, on a cherché une autre explication, plus solide que l’accident de pèche : ce jour-là, l’Otan entrainait ses sous-marins à la guerre nucléaire en eau profonde. L’instruction a été menée avec  plus ou moins de zèle suivant l’attitude des autorités militaires. Car donner la position d’un sous-marin à un moment précis, c’est reconnaitre qu’il était présent dans cette zone ce jour-là. Les sous-mariniés estiment que cette identification les met en danger face aux autres.

Yann Queffélec nous fait revivre ce que les survivants du naufrage endurent. A Loctudy, personne n’a oublié même si on vit avec. L’obstination pour connaitre la Vérité peut paraitre dérisoire aux yeux du reste des français. Mais  les familles en ont assez d’être baladées.  Quel capitaine a été assez lâche pour avoir crocheté les filets du Bugaled, l’entrainant par le fond sans tenter de porter secours à l'équipage ?

Toutes les pistes sont passées au scalpel. Yann Queffélec enquête ici et là-bas, en Angleterre, à Newlyn très exactement. Il interroge. Jamais de certitude. Il évoque même la présence d’un sous-marin américain venu espionner les bâtiments engagés par les manœuvres de l’OTAN. Tous les possibles sauf un accident de mer.

Le récit est passionnant, écrit avec rage, précision, empathie. Pas besoin d’être breton, ni marin pour entreprendre ce voyage. Montez sur le bateau de Quéffélec, il vous entrainera au grand large.

« On l’appelait Bugaled Breizh » Yann Queffélec, éditions l’Archipel

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11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 10:48

Nous sommes une semaine après le début du procès. Ce sont les témoins du contexte dans lequel s'est préparé le génocide rwandais qui sont convoqués devant la Cour d'assises de Paris. C’est d’abord Colette Braeckman, journaliste belge, spécialiste du Rwanda qui est appelée à la barre :

 " En 92, c’est une solution au rabais qui est mise en œuvre par les  Nations Unis. Mais lorsque le président du Burundi, un hutu, est assassiné par des Tutsis, la situation se radicalise. J’entends déjà des avertissements: l’officier français qui quitte le Rwanda prévient un militaire belge «  Ici, cela ne sera pas une partie de plaisir » et puis en novembre 93, on me dit que le meurtre d’une 10 aine de casques bleus belges est programmé. Je découvre que les signes sont là : les extrémistes hutus ne veulent pas de la force d’interposition. En mars je rencontre le président Habyarimana. C’est un homme traqué, plus rien à voir avec l’homme jovial que j’avais connu. Le 28 mars 94 un séminaire pour la presse, belge et rwandaise est organisé par l’ambassade de Belgique. Les invectives pleuvent entre collègues rwandais. Les journalistes tutsis s’en vont rapidement avant la tombée de la nuit .Un seul confrère reste, nous allons prendre un verre. Il me dit "c’est notre dernier verre ensemble..". Le climat était extrêmement tendu.

Le 6 avril, deux missiles sont tirés sur l’avion du président Habyarimana. Il avait accepté de céder au multipartisme et  d’intégrer le FPR au gouvernement. Interprétation des accords d’Arusha inacceptable pour les hutus radicaux.

Les massacres ont commencé. Ils étaient programmés".

C’est à ce moment que le président de la Cour d’assises recentre l’interrogatoire autour du rôle de l’accusé : « Simbikangwa ? Un nom cité souvent, connu comme quelqu'un d’important. Occupant un poste de confiance. Parce qu’il fallait donner des postes à l’opposition, il a du se sentir menacé. Il n’y avait plus de poste officiel pour lui et il en a surement conçu du ressentiment.

RTLM. Radio des mille collines dont l’un des créateurs et soutien financier n’était autre que Pascal Simbikangwa. C’était  une radio privée, radicale. C’était une  radio dangereuse même si elle était drôle avec une musique entrainante. Elle désignait déjà des cibles. Mais personne ne voulait entendre qu’il y avait  danger. Les Etats-Unis ne s’étaient pas remis de leur échec en Somalie. Les grandes puissances ne voulaient s’engager. La Belgique a été en retrait parce que le sentiment d’impuissance dominait. Il n’y avait pas de réponse politique même si il y avait une possibilité militaire (Onu, Belgique, France...)

Dès le 7 avril 94, on a vu dans Kigali  des « barrières » avec des  cadavres dans les fossés. Et j’ai noté l’existence d’une organisation : des camions de la municipalité effectuaient le ramassage des cadavres. Les commandos belges étaient chargés de prendre en charge des civils blancs. Les familles mixtes étaient séparées à l’aéroport. Les récits des survivants déjà étaient terribles. Mais on n’a pas compris l’importance du génocide tout de suite".

        Deuxième intervenant : Jean- Francois Dupaquier, journaliste, co- auteur du livre " Rwanda, les médias du génocide". Son témoignage commence par cette analyse: la haine ethnique, raciale était instrumentalisée par le pouvoir. Cette idéologie de la haine était présente au plus haut niveau de l'Etat.

 "Avec Robert Ménard après le génocide, on a décidé d’envoyer une mission au Rwanda pour comprendre comment des religieux, des voisins, des époux ont pu se massacrer. On a étudié les stéréotypes véhiculés surtout contre les femmes. La matrice de la haine. Les femmes tutsies étaient des cibles. Je signale que Simbikangwa raconte dans "L’homme est sa croix" qu’ il doit commencer sa vie sexuelle par le viol d’une jeune fille tutsi. Un fantasme, un rite d'initiation.

Simbikangwa est un nom qui inspirait la terreur. On le surnommait  le tortionnaire. Les démocrates Hutus survivants ont cité ses actes parmi les plus cruels,les plus redoutés.

Les  archives de basse police servaient à nourrir la presse extrémiste. Le Journal kangura , produit à la demande de Simbikangwa était effrayant. Il prétendait par exemple que Mme Agathe Uwlingiyimana avait été violée à quatre reprises. La ministre de l’enseignement primaire et secondaire venait de supprimer les quotas dans les écoles entre enfants tutsis et hutus. La honte devait l’empêcher de poursuivre.

Ceux qui ont organisé ce génocide étaient très éduqués, très cultivés. Loin du cliché des sauvages qui s exterminent entre eux "

 

Enfin l’accusé Pascal Simbikangwa répond. "J’étais en 93  dans un bureau à la présidence. J’avais changé de service. La constitution de 93 a donné plus de pouvoir au premier ministre . Le journal Kangura a publié les dix commandements du Hutu et son rédacteur en chef a été sanctionné. Moi je ne me suis pas occupé du journal. Cela fait partie du complot contre mon innocence !

 " Et les caricatures de l’époque qui vous représentent ? demande le pst des assises : elles sont publiés dans les journaux d’opposition dès 1992 ..

"Ce qui m’inquiétait c’est quand me désignait comme un membre des escadrons de la mort. Cela date de 93. On m’a accusé à tort. J’ai fait un procès et j’ai gagné !

"Contrairement à ce que mes ennemis racontent, j’ai dit que les accords d’Arusha étaient mal faits. Les tutsis qui avaient fait quatre ans de guerre, n’avaient rien obtenu. Le FPR préparait le chaos pour prendre le pouvoir par la force. Je voulais écrire un petit livre la-dessus, une centaine de pages. Je voulais montrer que les élections seraient difficiles pour le FPR. Dans la zone tampon, c’est le parti du président qui a tout gagné. Or ces élus ont été assassinés par le FPR".

Pourtant on ne vous reproche pas un livre, mais un éditorial qui a paru pendant que vous étiez en charge du journal Kangura ? demande le président: alors vous l’avez écrit ou non cet éditorial ?

Président, avocat général, parties civiles. La question sera posée et reposée. Mais l’ancien propagandiste se méfie. Il ne répondra jamais. Il sait que la Cour traque son rôle de bureaucrate de la haine. Il préfère rappeler ses lectures préférées, Rousseau, Hugo et Chateaubriand…, déclenchant le rire d’une partie du public. Ses démonstrations filandreuses auront duré plus de deux heures.

 

 

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 17:34

C’est une histoire ébouriffante, une histoire de famille et de secrets intimes. L’affaire Iacono se résume à un tout jeune garçon (5 à 8 ans) qui accuse son grand père au retour des vacances de viols et agressions sexuelles (1996/1998). Le grand père, Christian Iacono est un notable, médecin et maire de Vence. La justice s’empare des plaintes déposées, renvoie le grand père devant les assises. Une fois, deux fois, et le condamne finalement à 9 ans de réclusion.

Hier, Christian Iacono a pris l’avion de Nice avec sa femme et sa fille. Dans la pénombre du palais de justice de Paris, il arpente les couloirs aux côtés de ses avocats Me François Saint Pierre et Gérard Baudoux. Il n’a pas le droit de parler à la presse : son contrôle judiciaire le lui interdit. Mais il parle avec ses yeux las, son dos vouté.

En mai 2011, Gabriel Iacono s’est rétracté. D’abord timidement, ajoutant quelques dissimulations. Puis au fil des mois acceptant de parler de ses mensonges. Il aurait inventé cette histoire de viols pour se rendre intéressant aux yeux de ses parents en instance de séparation, pour qu’ils restent unis devant l’épreuve traversée par leur fils. Une hypothèse jugée crédible par les psychiatres. Ce revirement a permis au grand-père d’espérer faire annuler sa condamnation. C’est ce qu’on appelle en droit « un élément nouveau »

L’audience de la cour de Révision commence par les plaidoiries des avocats du demandeur, suivie du réquisitoire de l’avocat général et enfin l’avocat des parties civiles. Sous les ors de la grande salle, le destin de cette famille se joue. Surtout à la fin lorsque le président donne la parole au petit fils. « Je m’excuse devant la justice pour mes mensonges » puis il se retourne vers son grand père auquel il n’a pas le droit de parler « Excuse-moi ; j’ai dû faire un travail sur moi-même pour assumer les conséquences de mes actes. J’avais peur de passer pour un menteur devant mon fils, devant tout le monde… »

Christian Iacono, très ému, lui a répondu qu’il était trop tôt pour le pardon. « Je suis parfaitement, complètement innocent » et il a expliqué qu’il ne pouvait pas s’en prendre à un enfant de 10 ans qui avec un mensonge a fait de sa vie un calvaire durant 14 ans. Il ne lui en veut pas mais ne lui accorde pas un pardon car « le pardon cela se mérite ».

La Cour dira le 18 février si l’affaire reste en l’état,  si elle la renvoie devant une nouvelle juridiction ou si elle annule la condamnation de Christian Iacono. Ses avocats sont confiants. Certes l’avocate générale a jugé les rétractations de Gabriel Iacono, floues, fluctuantes, imprécises. Mais ses avocats ont démontré que le jeune homme a tout perdu en avouant son mensonge : l’argent accordé au titre de victime, le lien avec ses parents, la considération de ses proches. Il a muri, il a 23 ans et n’a pas voulu vivre avec ce lourd secret. Me Luc Febbraro, avocat du jeune homme, a demandé à la Cour de ne pas tenir rigueur à celui qui a baladé la justice avec ses fantaisies d’enfant. Le fantôme de l’affaire d’Outreau s’est invité en toute dernière minute.

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 16:20

Médiator : rapport d’étape sur une instruction qui se veut la plus rapide possible. Le procureur de Paris, François Molins, était à la manœuvre hier, accompagné d’Aude Le Guilcher, la vice procureur en charge du dossier. La procédure est complexe. Au départ il y a deux informations judiciaires distinctes ouvertes à Paris :

-une pour tromperie et prise illégale d’intérêt

-une pour blessures et homicides involontaires

Le 5 novembre 2013 décision de joindre les deux informations : les dossiers de 328 victimes sont clos, les expertises judiciaires ont eu lieu et ne sont pas contestées par la défense. 49 cas ont montré un lien avéré entre la prise du Médiator et leur pathologie : valvulopathie ou hypertension pulmonaire, 3 décès ont pu être imputés à la prise de médicament ; 11 sont en cours d’expertise ;

Dans le premier volet « tromperie », 4400 personnes se sont constituées parties civiles. Le nombre de victimes dans le volet homicides et blessures involontaires, parait  bien modeste au regard de certains experts qui avaient anticipé entre 1500 et 2300 morts. Il s’explique par la nécessité au pénal d’établir un lien certain de cause à effet entre la prise du médicament et le décès.

En outre durant le procès qui pourrait avoir lieu mi-2015 on jugera un troisième aspect de l’affaire : le conflit d’intérêt. Ainsi 4 membres de l’organisme qui délivrait les autorisations de mise sur le marché sont mis en examen pour avoir reçu des émoluments de Servier au titre de conseil de la société mère ou de ses filiales. « le dossier tromperie va permettre de comprendre ce que les victimes ont enduré et cela impliquera tous les aspects du dossier, y compris le rôle de l’agence du médicament, ou celui d’une parlementaire, Marie Thérèse Hermange et d’un pédiatre, Claude Griselli soupçonné de trafic d’influence.

Pour l’instant , il y a 25 personnes physiques et morales mises en examen dont Jacques Servier et ses deux directeurs Philippe Seta et Christian Bazantay.

Le plus intéressant pour les spécialistes est le rapport d’expertise : 800 pages pour confirmer que Benfluorex est de la famille des amphétamines et qu’il agit sur le poids. Or cette molécule était présente dans le pondéral, l’isoméride et le Médiator. Sauf que dans le cas du Médiator théoriquement utilisé pour soigner le diabète , l’aspect anorexigène a été soigneusement caché. La présence  du benfluorex a été occulté par Servier qui l’appelait le S1475. Or le lien entre benfluorex et valvulopathie est désormais par tous les spécialistes qualifié de lien avéré.

Alors il y aura encore des soubresauts judiciaires. Le 7 mars prochain, la chambre de l’instruction donnera son avis sur des demandes de nullité présentées par Servier.

A Nanterre, le 14 mai il y aura une audience relai pour les plaignants qui ont voulu par le biais d’une citation directe obliger la justice à marcher au pas de charge.

Mais le grand procès du Mediator se tiendra à Paris . Et il montrera comment un brillant industriel de la pharmacie a entrainé ceux qu’il est censé soigner vers la souffrance et même à trois reprises au moins, la mort. 

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 17:23

Elle est arrivée de la région lyonnaise avec détermination. Ses parents, un couple franco-japonais, étaient là pour la soutenir. Ils l’accompagnent dans cette longue marche judiciaire. La maman dit : « je ne veux pas qu’on me voit, j’ai encore du mal à ne pas me sentir coupable de ce qui est arrivé à ma fille ».

Elle avait cinq ans. Durant l’été 1977, la petite fille est violée par un membre de sa famille. Un instant de vie qui créé un traumatisme profond mais qui disparait de sa conscience. Elle a une adolescence difficile mais réussit a se construire une vie professionnelle brillante. Lorsqu’elle entreprend de faire une psychothérapie sous hypnose en 2009, elle raconte que le souvenir de ce que cet homme lui a fait subir lui a « explosé à la figure ». . Elle se tourne alors vers la justice pour faire condamner son agresseur.

En avril 2O12, première déception, le juge d’instruction constate qu’il y a prescription des faits. A l’époque une victime d’abus sexuels pouvait porter plainte 10 ans après sa majorité. Puis la loi du 9 mars 2004 a allongé ce délai à 20 ans.  Cécile, elle, tombait sous le coup des 10 ans. Une décision confirmée par la Cour de d’appel de Poitiers.

Aujourd’hui cette femme a 41 ans ; elle demande que cette affaire de prescription ne lui soit pas opposée du fait « d’un obstacle insurmontable ». Celui de l’oubli post traumatique. « je demande que ma plainte soit instruite, je veux être traitée comme n’importe quelle victime ». Selon son avocat, Me Portejoie, une cinquantaine de femmes souhaitent que leur viol soit reconnu, même tardivement.

Pour les psychiatres et notamment le docteur Zagury qui a expertisé la jeune femme l’amnésie invoquée est « tout à fait compatible avec les connaissances actuelles de l’évolution à l’âge adulte des abus sexuels subis dans l’enfance ».

L’avocat général ne s’est guère donné de mal pour constater que la loi qui régit la prescription est formelle : 38 ans, c’est l’age maximum autorisé pour obtenir un procès contre son agresseur. Et il a préconisé un rejet du pourvoi." Dura lex sed lex" disaient les romains.

Cette affaire est délicate pour le législateur si un jour il revient sur ce délai de prescription ; Il peut y avoir des abus, des vengeances à travers ce type de dénonciation ; comment réunir des preuves, interroger des témoins si longtemps après.

Une autre femme qui a subi des abus sexuels enfant écoutait les arguments des juristes devant la cour de cassation avec les larmes aux yeux. Elle aussi est broyée par des souvenirs qui ont ressurgi tardivement. Elle espère aussi convaincre la justice de l’entendre comme victime et de confondre son agresseur.

Réponse le 18 décembre

 

 

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